High tech – Entre drones et robots, les avancées technologiques profiteraient tant à la nature qu’au producteur selon les acteurs.

Sans l’informatique, ce drone épandeur, testé chez Willy Buhlmann à Blonay, ne pourrait pas voler.

Sans l’informatique, ce drone épandeur, testé chez Willy Buhlmann à Blonay, ne pourrait pas voler.Image: Patrick Martin

Le monde agricole n’est pas en reste en matière de digitalisation. Robots et technologies de l’information sont en plein développement pour les métiers de la terre. Améliorer les cultures en profitant de la vue du ciel fait partie des options prometteuses. Ainsi, les agriculteurs et viticulteurs romands étaient invités mardi à Blonay par l’École Suisse du drone et le fabricant chinois DJI. L’objectif était évidemment publicitaire mais la démarche montre la tendance.

Si les images satellites sont aujourd’hui utilisées pour l’analyse des cultures, l’intérêt des engins à hélices pour les prises de vues aériennes saute aux yeux. Commodité, coûts abordables, flexibilité. Sans parler du côté ludique du pilotage de ces petits engins, que l’on trouve facilement dans les commerces.

Mais si la marque DJI s’est imposée dans le grand public avec ses appareils munis de caméras, le constructeur met sa croissance à profit pour viser des secteurs plus confidentiels. Depuis l’an dernier, il commercialise un drone destiné au traitement des cultures. Les huit moteurs du modèle Agras emportent 10 litres de produit dans les airs. Le tout permet de pulvériser jusqu’à un hectare de cultures. La démonstration faite dans un vignoble de Blonay est étonnante. La poussée des hélices projette le produit vers le feuillage avec une force inattendue. «Nous en avons déjà vendu 11’000 rien qu’en Chine, principalement pour des cultures de riz et de céréales», révèle Summer Deng, responsable des ventes de DJI.

Comparé au vacarme des hélicoptères, le bruit généré par cet engin relève du chuchotement. «C’est un appareil plein d’avenir, surtout dans la mesure où le traitement par hélicoptère est menacé en Suisse», estime Frédéric Gex, à l’École Suisse du drone. Ceci d’autant plus que, au centre d’une Europe plus restrictive, la législation helvétique projette une image d’Eldorado du drone. En dessous de 30 kg – ce qui est le cas de l’appareil présenté – même un enfant pourrait légalement en prendre les commandes. Heureusement, l’électronique en fait un appareil susceptible de survoler une parcelle sans même toucher aux manettes.

Reste à voir si les traitements sont réellement efficaces en viticulture ou en arboriculture. C’est ce qu’observe Dorothea Noll, à la Haute École de viticulture de Changins. Pour avoir participé à plusieurs travaux de modélisation des cultures, avec des images aériennes prises par drone, elle conserve un point de vue critique. «Le drone c’est tendance et le défi est aujourd’hui de faire quelque chose des possibilités qu’il offre», dit-elle. Tout le défi réside dans le traitement et l’interprétation des données récoltées.

À Prométerre, l’ère numérique est bien présente dans les réflexions. Stéphane Teuscher y rappelle l’existence de robots de traite depuis dix ans et d’outils météorologiques d’aide à la décision. «Ce qui est en cours vise à la fois à réduire l’impact des cultures sur l’environnement et améliorer l’efficience économique», dit-il. Moins de produits, dispersés au meilleur moment, profitent tant à la nature qu’au producteur. Pour le spécialiste, le prochain pas ira vers une traçabilité sans faille de toute la chaîne de production. Ceci par le biais des blockchains, une base de données décentralisée qui a fait ses preuves avec la fameuse monnaie virtuelle, le bitcoin.

Source: 24 heures – créé: 22.11.2017, 06h48